Emmanuel Deslouis Eurasie French Review of Navigating the Bangkok Noir
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Navigating the Bangkok Noir de Chris Coles
Marshall Cavendish Editions, 130 pages
dimanche 17 février 2013 par Emmanuel Deslouis
dimanche 17 février 2013 par Emmanuel Deslouis
Le peintre britannique Chris Coles goûte particulièrement aux côtés obscurs des nuits de Bangkok, le « Noir » qui prend tout son sens dans le cortège d’histoires tragiques, drôles, improbables, lamentables des oiseaux de nuit : filles de bar, transexuels, trafiquants, dealers, pervers, tueurs, fugitifs d’Europe, d’Asie, du Moyen-Orient... et de Thaïlande. « Sans cet assortiment de personnages noirs, la nuit de Bangkok ne serait plus aussi épicée, colorée ou excitante » justifie le peintre. L’écrivain de polar siamois, Christopher G. Moore le compare même à un illustre compatriote français « Toulouse Lautrec a saisi la vie nocturne de Montmartre.
Un siècle plus tard, Coles a trouvé son Montmartre en Soi Cowboy, Nana Plaza et Patpong ». De sa palette très colorée, il transfigure les personnages souvent tragiques de la nuit de Bangkok : les lumières qui écrasent, décolorent, déforment les visages et les silhouettes sont ici sur-saturées, inversées, mélangées... Les contours et les traits du visage sont stylisés, simplifiés à un point tel qu’on frôle parfois l’abstraction. Deux tâches bleuâtres allongées sur un visage émacié racontent l’histoire d’une mama-san qui « sait bien que le désir n’est qu’illusion (...) mais comment gagner autrement sa vie ? »
Plus loin, sur fond bleu électrique, un corps mince, celui de Lek... cette danseuse d’un gogo bar ne rêve que d’une chose : « retourner dans sa ville natale, s’occuper de son fils (...) en espérant que sa prochaine réincarnation sera meilleure ». Une galerie de portraits hors norme où s’affichent des expatriés aux existences déglinguées, des travailleuses du soir dont la tête fourmille de projets d’expatriation, des travailleuses de jour (en usine) qui sont passées du côté obscur de la journée... Nul doute que le regard sans complaisance, ni pitié, ni dégoût vous captivera. Car Coles ne cherche pas le tape à l’oeil dans ses compositions, c’est l’humanité qui est au coeur de chacun de ses tableaux.
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